Son rôle, ton père l’a inventé de toute pièce.
Sans modèle et sans aide, il a su être sa propre inspiration pour devenir un papa sur mesure. Tout seul, il a su développer ses propres talents de père pour mener cette mission de haut vol qu’est la parentalité. Dès ses débuts en tant que papa, il a su s’emparer de son métier de parent pour en faire une bien jolie aventure. Dans tous les aspects de sa paternité, il s’est alors montré investi et a su dessiner une place unique et singulière auprès de toi.
Il a tout d’abord découvert l’allaitement et ses merveilles, pas à pas et au même rythme que nous. Il a été celui qui m’a aidée à te positionner dans les premiers temps. Celui qui veillait à ce que rien ne nous manque, une fois la tétée commencée. Celui qui a ajusté mon coussin quand l’inconfort se faisait sentir. Celui qui nous a cuisiné des petits plats quand j’étais moi-même occupée à t’allaiter. Celui qui tamisait la lumière lors des tétées du soir. Celui qui te changeait lors des tétées nocturnes. Celui qui se préoccupait toujours de savoir si tu étais bien rassasié.
Il est celui qui a conjugué allaiter au pluriel, en famille : « ON allaite Naël et on sort ? » disait-il sans même remarquer mon sourire amusé et ému.
Par ses mots, ses regards, ses recherches et son investissement sans relâche, il a soutenu cet allaitement de manière inconditionnelle quand c’était évident mais aussi dans les moments de difficultés ou lorsque j’étais découragée.
Au fil des mois et à chaque étape, il nous a fièrement accompagnés dans cette si belle aventure. Il a aussi su me consoler et me rassurer quand, au terme de 9 mois d’allaitement, j’ai eu de la peine à te sevrer.
Parce qu’il est pleinement investi dans son rôle, ton papa a démontré qu’il était ton père le jour mais aussi la nuit. Ensemble, nous avons compté nos heures de sommeil et nos réveils nocturnes. Autant que moi et parfois plus, il a veillé sur toi la nuit : il t’a bercé jusqu’à en avoir les bras engourdis, t’a porté contre lui, t’a blotti contre nous, t’a rassuré quand tu étais anxieux, t’a soulagé quand tu étais douloureux, t’a rafraîchi quand tu étais fiévreux.
C’est ton papa qui t’a appris que ses bras pouvaient te calmer aussi bien que les miens. C’est lui qui t’a rassuré et expliqué doucement que tu pourrais me retrouver le matin venu. C’est avec l’aide de ton papa que tu as commencé à faire de belles nuits reposantes. C’est lui qui, tiraillé par la fatigue, a trouvé la force et la patience de t’accompagner vers un sommeil apaisé.
Et les nuits mouvementées, mon ange, tu n’imagines sans doute pas quel effort ça a représenté pour lui : c’est tout simplement le défi de sa vie ! J’ai bien cru qu’il lui faudrait plusieurs vies pour se remettre de ce manque de sommeil…
Les premiers mois, lorsque tu te réveillais un peu trop tôt à notre goût, ton papa t’emmenait en promenade matinale sur les hauteurs de Marseille pour te montrer la mer. Alors, en tête à tête, vous observiez la ville se réveiller en me laissant une chance de me reposer.
Aujourd’hui, comme ton papa, tu es un vrai dormeur et tu l’a rejoint en ligue 1 au championnat de sommeil. Alors, en vrais compétiteurs, vous vous disputez la première place d’ arrache-pied à chaque nouvelle sieste !
Avant de te préparer pour ta journée de crèche, ton papa prend son petit déjeuner en tête à tête avec toi et s’amuse en te voyant danser au rythme de la cuillère qui remue le café. Ton père te prépare de bons petits plats pour satisfaire ton appétit difficile : saumon en papillote, pâtes à l’arrabiata, et légumes rôtis. Voilà ses spécialités pour séduire tes papilles délicates !
Presque sans hésiter, ton papa t’embarque en Tunisie avec lui, en duo, pour une escapade spéciale papa-fiston et cela sans même trembler devant l’idée de voyager seul avec toi. Ton papa invente des blagues spécialement pour toi, pour le plaisir de te faire sourire. Et sans se lasser, il peut les refaire 10 ou 20 fois pour te voir encore et encore éclater de rire.
Lorsqu’il te rejoint le soir après sa journée de travail, il sait qu’il a peu de temps pour profiter de toi. Alors, en un temps record, il te couvre de bisous, te dévore de câlins et s’enivre de ton odeur. Il s’amuse avec toi et t’excite au plus haut point, même quand il est l’heure de dormir, parce qu’il sait que pour jouer à nouveau, il faudra attendre le lendemain. Devant cet élan de tendresse, je m’éclipse en souriant pour vous laisser à vos jeux. Alors, silencieusement, je me délecte de vos éclats de rire complices.
Quand vient le moment de se coucher, tu bâcles un peu mon bisou d’aurevoir pour vite monter sur les genoux de ton père et l’écouter te conter l’histoire du soir. Le soir, lorsque tu es endormi depuis déjà plusieurs heures, ton papa vient veiller sur toi une dernière fois. Ainsi, il vérifie si tu dors bien paisiblement et en profite pour s’attendrir devant l’adorable position que tu as choisie pour ton sommeil.
Ton papa t’emmène en balade et te construit des cabanes, il t’invite au restaurant et t’offre de jolis vêtements, il t’explique le bricolage et te fabrique des garages, il t’invente des aventures et guérit tes blessures. Ton papa, Naël, il est tout ça à la fois.

– 2019 –